Le Sud de la France se prépare à faire face aux incendies -
MARSEILLE, 20 juin 2006 (AFP) - Avec déjà 2.000 hectares partis en fumée, soit le double de l'an dernier à pareille époque, le Sud de la France se prépare à faire face aux incendies de forêt, dans un contexte de sécheresse préoccupant.
"Nous avons un mois d'avance sur ce qui a déjà été dévasté par les flammes mais aussi sur l'état de la végétation", s'est inquiété lundi le préfet de la zone de Défense Sud, Christian Frémont, selon lequel "la nature est dans l'état où elle se trouve en général mi-juillet".
Les cartes de Météo-France, concernant la sécheresse à mi-juin, sur la zone de défense sud (les régions Provence-Alpes-Côte-d'Azur, Languedoc-Roussillon, Corse ainsi que les départements de la Drôme et de l'Ardèche) se passent de commentaires: la quasi totalité du littoral méditerranéen, de Perpignan, à l'ouest, à Saint-Raphaël, à l'Est, apparaissent en rouge, couleur des "zones très vulnérables".
Ce rouge couvre aussi une large bande intérieure, de Marseille aux Alpes-de-Haute-Provence. Une situation qui s'explique par un fort déficit pluviométrique depuis mai, explique-t-on à Météo-France, par un régime de vent assez soutenu ce mois-là et enfin par des températures élevées depuis début juin. La Corse, en revanche, apparaît en grande partie en vert sur les cartes, soit une zone ou le "dessèchement est très limité".
Avec cet état de sécheresse, revient en mémoire l'année 2003, celle de la canicule, lorsque quelque 60.000 hectares de forêt partirent en fumée dans le sud. En moyenne, ce sont 18.000 ha qui sont ravagés annuellement par les flammes, rappelle Paul Boulvrais, sous-préfet chargé de la défense et la sécurité civiles.
Les exercices se multiplient donc dans le sud pour préparer hommes et matériels à faire face à une saison difficile. Mardi, ce sont les marins-pompiers de Marseille qui sont allés combattre des départs simulés de feu, dans un vallon couvert de pins et de broussailles.
L'exercice avait aussi pour but de roder un matériel informatique qui donne la cartographie exacte du lieu d'intervention - avec le relief, les dangers (lignes haute-tension) les réserves d'eau à proximité - et qui permet de gérer le sinistre en temps réel.
La consigne, pour les 2.400 marins-pompiers, les 5.700 sapeurs pompiers, les pilotes des 23 avions bombardiers d'eau et les quelque 25.000 volontaires, sera encore cette année d'intervenir le plus rapidement possible sur "les feux naissants", explique Paul Boulvrais.
Les 4,5 millions d'hectares de forêt méditerranéenne et les 3 à 4 millions d'hectares de garrigue et de landes seront donc sous haute surveillance tout l'été. Les Trackers, voire les Dash 8 - des avions bombardiers d'eau - survoleront les massifs en fonction des risques d'incendies et des prévisions météo. Des équipes au sol seront elles aussi chargées de la surveillance et de la détection des incendies.
"L'idée, c'est qu'il faut +matraquer+ tout de suite le feu naissant pour qu'il ne devienne pas immaîtrisable", poursuit M. Boulvrais.
Car le préfet Christian Frémont a été clair: pas question de risquer la vie des pilotes de bombardiers d'eau pour aller protéger des hectares de garrigue, dès lors que des populations et des habitations ne seraient pas menacées. "Mais c'est une réflexion que nous aurons à mener au coup par coup en fonction des évènements", a-t-il tempéré.
L'an dernier, cinq hommes ont perdu la vie dans le crash de leurs appareils, alors qu'ils combattaient des incendies.